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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/26

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glace ? qui cela ?… Peut-être le diable, imagines-tu ? Ho, l’ami ! celui-la, il brise la glace de sa griffe brutale, et l’on verrait saigner aussi les mains blanches et délicates de cette image de femme blessée. Allons ! cela est stupide !… Oui dà, l’habile homme ! fais-moi voir et toucher un reflet dérobé à un miroir, et je fais devant toi le saut périlleux de mille toises d’élévation ! »

Le grand se leva, s’approcha du petit, et lui dit : « Ne faites pas tant l’arrogant, camarade ! autrement l’on vous fera enjamber plaisamment l’escalier. Parbleu ! il doit avoir un air bien pitoyable, votre reflet à vous ! — Ha, ha, ha, ha ! fit le petit en glapissant avec un rire sardonique ; ha, ha, ha !… Tu crois ? tu crois ? j’ai ma belle ombre au moins : entends-tu, pauvre garçon ! moi j’ai ma belle ombre ! » Et en disant cela, il s’enfuit. Nous l’entendîmes encore ricaner dehors et répéter ironiquement : « J’ai du moins mon ombre ! » Le grand était retombé sur sa chaise comme anéanti, et cachant entre ses mains sa figure pâle comme la mort, il poussait du fond de sa poitrine les plus douloureux soupirs.

« Qu’avez-vous ? lui demandai-je avec intérêt. — Ô monsieur ! me répondit-il, ce méchant homme que vous venez de voir acharné contre moi, qui m’a poursuivi jusqu’ici, jusque dans mon bouchon privilégié, où je séjournais autrefois tout seul, car c’est tout au plus si de temps en temps un petit gnome souterrain se dressait sous la table pour faire sa récolte des miettes de pain,… ce méchant homme vient me replonger dans l’excès du désespoir ! —