Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/311

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et réclamant des odeurs. C’était la passe de désespoir que j’avais exécutée sur les pieds des danseurs jusqu’à ce que le massif président eût mis fin à ma course aventureuse.

» Victorine vint à moi : “Très bien ! dit-elle avec des yeux étincelants de colére, une politesse sans pareille, monsieur le baron ! Vous m’engagez à danser, puis, vous offrez la main à une autre dame, et vous troublez en outre tout le bal !…” Tu peux te figurer mes protestations, mais Victorine me répliqua hors d’elle-même : “Ces mystifications sont de votre goût, monsieur le baron, je vous connais, mais je vous prie de ne plus me choisir désormais pour l’objet de votre caustique et mordante ironie.” Là-dessus elle me quitta. Ma danseuse vint à moi, la gentillesse, je pourrais dire la bienveillance en personne ! La pauvre enfant a pris feu, et je ne peux pas lui en vouloir : mais est-ce ma faute ? Ô Victorine ! Victorine ! Ô seize de malheur ! danse infernale qui me livre en proie à toutes les furies !… »

Ludwig ferma les yeux, il soupira, il pleura ; et Euchar fut assez charitable pour ne pas partir d’un bruyant éclat de rire. Il n’ignorait pas d’ailleurs que des accidents du genre de celui dont son pauvre ami avait été victime au bal du comte Walther Puck, font parfois, moralement parlant, l’effet des cantharides sur des hommes même beaucoup moins fats que ne l’était Ludwig.

Celui-ci, après avoir avalé, sans se brûler les lèvres comme la veille, deux ou trois tasses de chocolat, parut retrouver une certaine énergie et supporter