Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/314

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habileté à rétablir autant que possible un bon ordre dans ses affaires.

Ludwig apprit que sa danseuse était une cousine de la comtesse Victorine, venue exprès de la campagne pour la fête du comte, que la comtesse et elle n’avaient qu’un cœur et qu’une âme, et que, suivant un goût naturel aux jeunes femmes qui leur fait révéler l’analogie de leurs caractères par la couleur des étoffes et le choix des fleurs dont elles se parent, les deux amies prenaient souvent plaisir à porter un costume exactement semblable. Cochenille prétendit au reste que le courroux de la comtesse Victorine ne pouvait guère inspirer la crainte de conséquences sérieuses. Car à la fin du bal, et comme elle se trouvait assise à coté de sa cousine, au moment où il leur offrait des glaces, toutes deux riaient à l’envi du meilleur cœur, et il avait surpris en même temps le nom du très honorable seigneur baron, prononcé très distinctement entre elles à plusieurs reprises. Il ajouta encore qu’il savait en effet que la cousine de mademoiselle la comtesse était d’une complexion très amoureuse, et qu’elle exigerait à coup sûr que monsieur le baron continuât ce qu’il avait commencé, et lui fit une cour assidue, jusqu’à ce qu’il prît enfin des gants glacés pour la conduire à l’autel nuptial. Toutefois, monsieur Cochenille promit bien de faire de son côté tout ce qu’il faudrait pour la dissuader d’un pareil espoir. Il se proposait, dès le lendemain, pendant qu’il aurait l’honneur de coiffer sa gracieuse seigneurie monsieur le comte, et au moment où il friserait la deuxième boucle du côté