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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/330

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lentement dans les chairs au milieu des souffrances les plus aiguës, et puis toute espèce de sentiment l’abandonner et se perdre dans un profond sommeil de mort.

Edgar se réveilla tout d’un coup de cette léthargie avec le plein usage de ses sens. Mais tout ce qui l’entourait lui parut si extraordinaire, qu’il fit de vains efforts pour deviner en quel endroit il se trouvait. Il était couché en effet dans un lit riche et moelleux, garni de couvertures de soie, offrant un singulier contraste avec le petit caveau de pierres brutes dont il formait l’ameublement, et qui ressemblait exactement à un cachot. On n’y distinguait ni portes ni fenêtres, et une lampe sombre l’éclairait seule d’une lueur vacillante. Edgar se souleva avec peine sur le lit, et il aperçut alors un moine franciscain assis sur un fauteuil dans un coin du caveau et qui paraissait dormir.

« Où suis-je ! » s’écria Edgard avec toute la force dont il était capable. Le moine sortit de son assoupissement, il releva la mèche de la lampe, la prit et en éclaira le visage d’Edgar, lui tâta le pouls et murmura quelques paroles qu’Edgar ne comprit pas. Il allait le questionner lui-même, lorsqu’une paroi du mur s’ouvrit sans faire aucun bruit, et un homme entra qu’Edgar reconnut aussitôt pour le vieillard de l’Alameda. Le moine lui dit que la crise était passée, et que désormais tout irait bien. « Dieu soit loué ! » répliqua le vieillard. Et il s’approcha du lit d’Edgar. Celui-ci voulut parler, mais le vieillard lui recommanda le silence, parce que le moindre effort