Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/334

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rieux et inextinguible où s’attise le feu dévorant qui doit consommer la perte de nos infâmes oppresseurs, le jour où, complètement aveuglés par la fortune de leurs armes, et se fiant à un calme trompeur, ils se livreront sans réserve à l’enivrement de l’orgueil et du plaisir. Ces souterrains dépendent du couvent des Franciscains : c’est ici que, par cent routes secrètes et divergentes, se réunissent les chefs de nos braves défenseurs ; c’est d’ici que notre sainte insurrection rayonne pour ainsi dire sur les points les plus éloignés du pays, et prépare la défaite et l’anéantissement du perfide étranger qui n’a dû ses odieuses victoires qu’à la supériorité du nombre. — Don Edgar ! nous voyons en vous un Espagnol, un frère : prenez part à la gloire de notre entreprise ! »

Alors l’Empecinado6, car l’homme au costume de paysan n’était autre que cet illustre chef des guérillas, l’Empecinado, dont l’audacieuse intrépidité tenait réellement du prodige, qui bravait à lui seul tous les efforts de l’armée d’invasion, et qu’on voyait, tel que l’esprit indestructible de la vengeance, au moment même où l’on cherchait en vain les traces de son passage, et quand les ennemis annonçaient hautement la défaite compléte de ses bandes, reparaître tout à coup avec des forces doubles et venir jusqu’aux portes de Madrid glacer de terreur le monarque illégitime ; l’Empecinado donc tendit la main à Edgar et lui adressa une allocution bréve et chaleureuse.

Sur ces entrefaites, on amena dans la salle un jeune homme garotté ; sur ses traits pâles comme