Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/347

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don Edgar ! ce genou n’a jamais plié devant aucun mortel, mais vous n’êtes pas un homme, vous êtes un ange envoyé par le ciel pour me sauver d’une affliction mortelle, d’un désespoir inconsolable ! Ô don Edgar, une méfiance maligne avait pris racine dans ce cœur qui méditait votre perte ! Maudite soit mon intention d’avoir voulu vous rendre victime d’une mort ignominieuse, vous, le plus loyal, le plus généreux des hommes, vous, le courage et l’honneur personnifiés ! Tuez-moi, don Edgar, tirez de moi une sanglante vengeance ! Jamais vous ne pourrez me pardonner mon indignité. »

Edgar, dans l’intime conscience de n’avoir rien fait que ce que lui prescrivaient l’honneur et le devoir, se sentit peiné des humbles démonstrations de don Rafael. Il chercha à le calmer par tous les moyens imaginables, et n’y réussit enfin qu’avec beaucoup de peine.

Don Rafael raconta que le colonel Lacombe avait été stupéfait de la disparition d’Edgar, et que, soupçonnant quelque perfidie, il avait été sur le point de faire fouiller toute la maison et de le faire arrêter lui-même, don Rafael. C’est ce qui l’avait déterminé à prendre la fuite ; et grâce aux démarches et aux efforts des Franciscains, il était également parvenu à faire sortir de Valence sa fille, son valet, et maintes choses de première nécessité.

Cependant on avait songé à conduire plus loin le domestique blessé, ainsi que la fille de don Rafael ; celui-ci, trop vieux pour participer aux entreprises hardies des guérillas, dut les accompagner. Quand