Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/356

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arrive, et j’aperçois au milieu d’eux… Le ciel me soit en aide ! — Mes yeux me trompent-ils ? — »

Euchar prit Ludwig sous le bras, l’emmena quelques pas plus loin, et lui dit : « Tu sauras tout en temps et lieu, mon bon ami ; mais, pour le moment. donne-moi d’abord de tes nouvelles, je t’en conjure Tu es pâle comme un déterré, le feu de tes yeux est éteint ; je te le dis franchement, tu es devenu plus vieux de dix ans. Aurais-tu fait une grave maladie ? un chagrin fatal pèse-t-il sur toi ?…

— Mon Dieu non ! répliqua Ludwig. Je suis au contraire l’homme le plus fortuné du monde, et je mène une véritable vie de cocagne, toute consacrée à l’amour et au plaisir. Car apprends, mon ami, que depuis plus d’un an la céleste Victorine m’a accordé sa chère et gracieuse main. — Vois cette belle maison là-bas aux vitres resplendissantes, c’est ma résidence : et ce que tu as de mieux à faire en ce moment, c’est de venir tout de suite avec moi visiter mon paradis terrestre. — Combien ma chère femme sera aise de te revoir ! comme nous allons la surprendre ! » —Euchar demanda seulement le temps de changer de vêtements, et promit de se rendre ensuite chez son ami Ludwig, qui devait l’instruire de quelle manière s’était accompli son heureux mariage.

Ludwig reçut son ami au bas de l’escalier, et le pria de monter aussi doucemeut que possible ; car Victorine, lui dit-il, était souvent sujette et en proie en ce moment même à des douleurs de tête nerveuses qui lui causaient une telle irritation, qu’elle