Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/370

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fides manœuvres, avaient réussi, après le rétablissement de la paix, à le rendre suspect au gouvernement, qui avait prononcé contre lui un arrêt de bannissement et confisqué tous ses biens. Il s’était vu réduit à la plus profonde misère, et ne vivait que du produit de la danse et du chant de sa pieuse fille, assistée par son fidèle serviteur.

— C’est Émanuela ! c’est Biagio Cubas ! » s’écria Ludwig. Et tout le monde de répéter après lui : « Oui, oui, c’est Émanuela, c’est Cubas ! » La présidente réclama le silence, disant que le narrateur ne devait pas être interrompu avant la conclusion entière de son histoire, et quoiqu’il ne fût pas difficile d’en présager le dénouement. « Je crois deviner moi-même, ajouta-t-elle, qu’Edgar, à la première rencontre de la charmante Émanuela, s’éprit pour elle du plus ardent amour.

— C’est la vérité ! » reprit Euchar. Et à ces mots, une légère rougeur colora ses traits. « C’est la vérité. Même avant leur reconnaissance, il n’avait pu contempler cette merveilleuse enfant sans qu’un doux pressentiment fit palpiter son cœur, et le sentiment jusqu’alors ignoré de l’amour le plus passionné embrasait déjà tout son être ! — Edgar devait offrir ses services, et il les fit agréer. Il conduisit d’abord don Rafael avec Émanuela et le fidèle Cubas à la terre de son oncle, et je l’ai assisté moi-même dans cette mission.

» Bientôt l’étoile de don Rafael sembla vouloir briller en sa faveur d’un nouvel éclat ; car il reçut une lettre du bon père Eusebio qui lui mandait que les