Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/384

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comment, réduit à la plus profonde misère, il vint à moi il y a plusieurs années, comment il feignit hypocritement un retour à des sentiments affectueux pour moi et une réforme dans sa manière de vivre désordonnée, quels soins et quels secours je lui prodiguai, et comment ensuite il profita de son séjour dans ma maison pour s’emparer frauduleusement de certains documents… mais assez là-dessus. — Son jeune fils me plut ; et quand l’infâme fut forcé de fuir, après avoir vu déjouer les intrigues qui devaient m’envelopper dans un désastreux procès criminel, je gardai l’enfant chez moi. Un avertissement du destin m’a délivré dernièrement de ce petit monstre.

» Et cet avertissement du destin, c’était sans doute un de vos mauvais rêves, » dit la vieille dame. Mais le vieux monsieur poursuivit : « Écoutez, Julie ! et jugez vous-même.

» Vous savez que l’infernale méchanceté de mon frère me porta le plus rude coup que j’aie jamais souffert. — À moins pourtant… Mais silence là-dessus. Ce fut peut-être en effet l’irritation maladive dont mon âme fut alors affectée, qui m’inspira l’idée de faire construire dans ce petit bois une sépulture pour mon cœur. Bref, cela s’exécuta. — Le petit bois était dessiné dans la forme d’un cœur, le pavillon était bâti, les ouvriers s’occupaient de ce dallage en marbre. Un jour, en venant visiter leur ouvrage, j’aperçois à quelque distance l’enfant, nommé Max, ainsi que moi, qui faisait rouler par terre quelque chose avec mille bonds joyeux et de grands éclats de rire. Un sombre pressentiment traversa mon âme ! —