Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/406

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et en tira une blague à tabac sur laquelle la caricature de Max se trouvait très-nettement reproduite, et même presque sans aucune variation. Il remit la blague à son protégé comme pièce de conviction, et tout fut dit.

« Comment cela ? comment cela ? s’écrièrent confusément tous les auditeurs ; mais les juristes qui se trouvaient dans la société se mirent à rire tout haut, et le conseiller intime Foerd, qui sur ces entrefaites était rentré dans le salon, dit en souriant : « Oui sans doute, il nia l’animum injuriandi, l’intention d’offenser, et il fut acquitté.

» C’est-à-dire, ajouta Willibald, que Max dit pour sa défense : « Je ne puis nier que le dessin ne soit de ma main, mais je n’ai point eu l’intention de blesser en aucune manière la corporation des tailleurs que j’honore infiniment ; j’ai copié simplement, comme vous pouvez le reconnaître, le dessin original existant sur cette ancienne blague à tabac, qui appartient au général Rixendorf, mon maître dans l’art de peindre. Mon imagination m’a seulement suggéré quelques légers changements. Cet ouvrage a passé dans des mains étrangères, mais moi je ne l’ai montré à personne, et encore moins affiché. Quant à cette circonstance qui fait tout le corps du délit, j’attends qu’on produise des renseignements contre moi. » — La production desdits renseignements est restée à la charge de l’estimable corporation des tailleurs, et Max a été acquitté aujourd’hui même. De là ses transports de joie et ses remerciments à son protecteur. » —