Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/413

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’as vu que cela, rien que cela ? — Nous ferons une décharge de tes canons japonais en signe de victoire ! Quant à ta mort prochaine, quant à l’apparition de ton Sosie, ce n’est rien, rien du tout ! Tu vivras encore long-temps sur cette terre, et j’espère te guérir de tes mauvais rêves, en te montrant leur peu de réalité. »

En même temps, Rixendorf se précipita hors de la chambre plus vite que son âge ne semblait devoir le permettre. Il était douteux que le conseiller eût entendu les paroles de Rixendorf ; car il était encore abattu et les yeux fermés. Exter se promenait à grands pas de long en large, il fronçait le sourcil et disait avec humeur : « Je parie que cet homme songe encore à expliquer tout cela d’une manière naturelle ; mais il n’y parviendra pas aisément, n’est-il pas vrai, cher conseiller ? Nous nous connaissons aux apparitions ! — Je voudrais bien seulement avoir mon kaftan et mon turban. » En parlant ainsi, il tira de son gousset un petit sifflet d’argent, qu’il portait constamment sur lui, et en donna un coup prolongé. Presque immédiatement un de ses Maures parut, et lui remit en effet le turban et le kaftan.

Bientôt après entra la conseillère intime Foerd, suivie de son mari et de sa fille Julie. Le conseiller aulique se leva promptement, et, tout en assurant qu’il était parfaitement guéri, il se sentit effectivement beaucoup mieux. Il demanda qu’il ne fût plus question de cet incident, et ils allaient retourner tous dans le salon, à l’exception d’Exter, qui s’était étendu sur le sofa dans son costume turc, et qui buvait du