Aller au contenu

Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/419

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et combien était grand le cœur qu’il méconnut ! » — Les deux sœurs témoignèrent d’abord un peu d’humeur du mariage de leur sœur, plus jeune qu’elles, niais aussi de beaucoup plus belle et plus attrayante. La médisante Nanette surtout fit la grimace avec son petit nez retroussé ; mais Rixendorf la prit à part et lui fit entendre qu’elle pourrait bien avoir un jour un mari beaucoup plus distingué, avec une propriété encore plus belle. Alors elle redevint contente, et chanta de nouveau son refrain : Amenez vos troupeaux, bergères ! Pour Clémentine, elle dit très-sérieusement et avec emphase : « Dans la vie conjugale, les plaisirs calmes et faciles, le bonheur domestique circonscrit entre quatre murailles étroites, ne sont qu’un accessoire de peu d’importance. Ce qui en constitue l’essence, la vitalité, ce sont les torrents d’amour qui coulent de deux cœurs sympathiques comme des flots de naphte flamboyants, pour se réunir et se confondre dans une harmonieuse unité ! »

La société du salon, déjà avertie de ces circonstances étranges et joyeuses, attendait le couple d’époux avec impatience pour se livrer aux félicitations d’étiquette. Le conseiller de brocard, qui avait tout vu et tout entendu par la fenêtre, remarqua d’un air très-fin : « Je comprends à présent pourquoi le pauvre Max attachait à son bouc tant d’importance ; car s’il avait été une fois en prison, il n’y avait plus moyen de songer à une réconciliation. » Tout le monde, Willibald le premier, approuva cette sage réflexion.

Comme les principaux acteurs de notre histoire