Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/610

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travail négligé et malpropre, une noblesse singulière, et l’amertume du chagrin qui paraissait avoir flétri ses traits n’avait pu éteindre le feu qui brillait dans ses yeux noirs.

J’interrogeai le professeur sur son compte. « C’est, me répondit-il, un artiste étranger qui arriva ici juste au moment où l’on décida d’entreprendre la réparation de notre église. Il se chargea avec joie du travail que nous lui proposâmes, et son arrivée en ces lieux était en effet pour nous une bonne fortune. Car ni ici ni dans les environs, même à une grande distance, nous n’aurions pu trouver un peintre assez capable pour exécuter le même travail qu’il fait. Au reste, c’est le meilleur homme du monde et nous l’aimons tous extrêmement, si bien qu’il est à présent notre commensal. Outre l’honorable salaire qui lui est alloué, il partage notre table ; mais il serait difficile de s’en apercevoir tant il est sobre, ce qu’exige peut-être son tempérament valétudinaire.

» Mais, l’intcrrompis-je, il m’a paru tout à l’heure si brusque et si violent ! — Ceci, répondit le professeur, tient à des raisons particulières ; mais allons voir quelques beaux tableaux qui ornent les chapelles des bas-côtés, et dont un heureux hasard nous a rendus récemment possesseurs. Nous n’avons qu’un seul original authentique, un Dominiquin ; les autres toiles sont de maîtres inconnus de l’école italienne ; mais si vous êtes exempt de prévention, vous serez forcé de convenir que presque toutes feraient honneur aux artistes les plus renommés. »

Le témoignage de mes yeux confirma l’assertion