Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/611

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du professeur. Il était assez particulier que le seul morceau reconnu pour appartenir à un grand maître était un des moins remarquables, sinon le plus médiocre de tous, tandis que je fus frappé au plus haut degré de la beauté de plusieurs autres ouvrages. Un des tableaux servant de dessus d’autel était voilé par une draperie : j’en demandai la raison. Le professeur me répondit : « Ce tableau est le plus beau de tous ceux que nous possédons, c’est l’ouvrage d’un jeune artiste contemporain, — probablement son dernier, car il s’est arrêté dans son vol. — Une circonstance particulière nous a obligés, ces jours derniers, de faire couvrir ainsi cette toile ; mais peut-être me sera-t-il permis de vous la montrer demain ou après-demain… » J’aurais volontiers insisté sur ce sujet ; mais le professeur affecta de presser le pas en avant, et je vis assez clairement qu’il ne lui convenait pas d’entrer dans de plus grands détails.

Nous retournâmes au collège, et ce fut avec plaisir que j’acceptai l’invitation du professeur d’aller visiter ensemble, dans l’après-midi, un endroit de plaisance peu éloigné. Nous en revînmes assez tard dans la soirée. Un orage se préparait, et j’étais à peine rentré à mon auberge, que la pluie commença à tomber par torrents. Vers minuit, le ciel redevint serein, et l’on entendait seulement encore, par intervalles, le tonnerre gronder dans le lointain. Je respirais par ma fenêtre les exhalaisons aromatiques de l’air attiédi ; et, quoique je fusse déjà passablement fatigué, je ne pus résister à la tentation de faire encore un tour de promenade. Après être parvenu a éveiller