Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/614

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je m’offris à lui servir d’aide. Il se mit à rire, et, appuyant ses deux mains sur mes épaules : « C’est un tour excellent à jouer à Chrétien ! dit-il ; quelle mine il va faire demain en s’apercevant qu’il n’est qu’un fainéant et que je me serai passé de ses services ! Eh bien, venez, compagnon, ami inconnu, et pour commencer, aidez-moi à dresser les tréteaux. »

Il alluma plusieurs bougies, et nous nous mîmes à fureter dans l’église et à rassembler des planches et de fortes barres de bois, de sorte qu’un échafaudage convenable fut bientôt construit devant la niche. « Maintenant, s’écria Berthold en y montant, de l’activité ! » — Je fus surpris de la promptitude avec laquelle Berthold traça son dessin en grand ; il tirait hardiment ses lignes avec autant de netteté que de précision et sans jamais se tromper. Me rappelant mes anciennes habitudes d’atelier, je remplissais au mieux mon office d’adjudant, en montant ou descendant pour diriger ou assujettir la longue régle aux points indiqués, et en taillant les fusins, que je lui remettais à mesure.

« Vous êtes un brave compagnon ! s’écria Berthold d’un air satisfait. — Et vous, répliquai-je, vous êtes à coup sûr l’un des plus habiles peintres d’architecture qu’il y ait jamais eu. Est-ce que votre main si hardie ne s’est jamais exercée à des peintures d’un autre genre ? Pardonnez-moi ma question !

» Mais qu’entendez-vous positivement par là ? dit Berthold.— Eh bien, répondis-je, mon opinion est que vous êtes digne d’exécuter des ouvrages