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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/615

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plus relevés que des moulures de marbre peintes sur des murs d’église. La peinture architecturale ne sera jamais placée qu’en seconde ligne au plus. Le peintre d’histoire, le paysagiste, sont, sans contredit, à un plus haut degré de l’art. Ils peuvent donner un libre essor au génie de la fantaisie que les bornes étroites des proportions géométriques retiennent sans cesse captif et bridé. Le seul côté idéal de votre peinture, la perspective elle-même, cette source de l’illusion des sens, obéit à des calculs rigoureux, et dépend de spéculations purement mathématiques, au lieu d’être l’expression spontanée d’une pensée générale. »

Berthold avait déposé son crayon à la moitié de mon discours, et, la tête gravement appuyée sur sa main, il me répondit d’une voix sourde et solennelle : « Ami étranger, tu commets un crime en voulant établir des degrés déterminés entre les diverses branches de l’art, comme entre les humbles vassaux d’un roi absolu ; et tu commets encore un plus grand crime si tu n’as d’estime que pour les audacieux qui, impatients du joug terrestre, et en dépit de leurs chaînes d’esclaves, s’imaginent être libres, que dis-je ? se croient égaux à Dieu même et faits pour planer au-dessus de la vie et des mondes ! Ne connais-tu pas la fable de Prométhée qui voutut égaler le Créateur et déroba le feu du ciel pour animer ses figures inertes ? Il atteignit son but : la créature façonnée de ses mains marcha devant lui pleine de vie et de sentiment, et dans ses yeux éclatait le feu céleste qui brûlait en elle. Mais l’arrêt du criminel