Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/621

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gnis fidèlement l’étrange conduite du peintre, et ne lui cachai rien de ses propos plus étranges encore, pas même son dernier aveu. Plus j’avais compté provoquer l’intérêt du professeur, plus je fus surpris de son air de froideur en m’écoutant. Il finit même par rire tout-à-fait, à mon grand dépit, de mon empressement et de ma persistance à le solliciter, quand j’eus fini mon récit, de me dire tout ce qu’il pouvait savoir sur cet infortuné.

« C’est un homme bizarre que ce peintre ! commença enfin le professeur, doux, bon, — zélé au travail, sobre comme je vous l’ai déjà dit, mais d’un esprit faible. Car autrement aurait-il jamais délaissé, n’importe en quelle conjoncture, sa magnifique position de peintre d’histoire, pour se ravaler au rôle infime d’un misérable badigeonneur de murailles ? »

Je fus blessé de ce terme de mépris, et en général de l’indifférence du professeur. Je cherchais à lui faire comprendre que Berthold était, même encore à présent, un artiste fort estimable et digne surtout du plus vif intérêt. « Eh bien ! me dit enfin le professeur, si réellement notre Berthold excite si puissamment votre sympathie, je vais en ce cas vous communiquer tout ce que je sais pertinemment sur son compte, et ce n’est pas peu de chose. Pour vous préparer à mon récit, veuillez d’abord venir à l’église avec moi. Puisque Berthold a passé la nuit au travail, il consacrera la matinée au repos ; mon but serait manqué si nous le rencontrions. »

Nous nous rendîmes à l’église ; le professeur fit découvrir le tableau voilé que j’avais remarqué la