Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/634

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la pratique de l’art, et au système déplorable qu’il a exclusivement adopté. Je sais fort bien qu’il n’a pas pour moi la moindre estime, mais je lui pardonne volontiers ; car il ne dépend pas de lui de me priver d’une réputation laborieusement et honorablement acquise. »

Toutefois, Berthold sentait intérieurement que le Maltais avait touché à une blessure secrète de son âme, mais à la manière du chirurgien qui sonde une plaie pour en connaître la gravité et la guérir. Néanmoins, il perdit bientôt de vue cette circonstance, et il se remit à travailler avec zèle comme auparavant. La réussite et le succès public de son grand tableau le décidèrent à en exécuter le pendant. Hackert fit choix lui-même, dans les riches environs de Naples, du site le plus séduisant ; et comme le premier paysage représentait un coucher de soleil, il fut naturellement convenu que celui-ci serait rendu avec le soleil levant.

Un matin donc, Berthold, assis sur une grosse pierre, juste au point de vue déterminé par son maître, terminait l’esquisse de son grand tableau « Parfaitement exact, en vérité ! » dit une voix à côté de lui. Berthold léve la tête et voit le Maltais qui, les yeux fixés sur son dessin, ajoute avec un sourire sardonique : « Vous n’avez oublié qu’une seule chose, mon cher ami ! tenez, voyez là-bas, le mur couvert de feuillage de cette vigne sur le dernier plan : la porte en est à moitié ouverte, il faudrait tâcher de rendre cela au moyen d’une om-