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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/643

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mélancolie qui le minait, succéda une humeur fraîche et joyeuse. Il reprit avec ardeur ses études d’après les maîtres anciens ; il termina plusieurs copies avec succès, et il exécuta ensuite d’invention quelques tableaux qui firent l’étonnement de tous les connaisseurs. Il ne songea plus le moins du monde à s’occuper de paysages, et Hackert lui-même avoua que le jeune peintre avait trouvé de ce jour seulement la véritable carrière propre à son génie.

Berthold se vit alors chargé de plusieurs grands tableaux d’église et d’autres ouvrages importants. Il choisissait le plus souvent des sujets gracieux dans les légendes chrétiennes, mais partout il reproduisait la miraculeuse figure de son apparition. On trouva que cette figure offrait la plus parfaite ressemblance avec la princesse Angiola T***, et les gens entendus prétendaient malicieusement que le jeune peintre était épris d’une passion violente pour les charmes de cette belle personne. Ce n’était pas sans un extrême dépit que celui-ci entendait les ridicules propos qui lui revenaient à ce sujet ; il s’indignait de ce qu’on s’obstinait à rabaisser son divin modèle aux proportions de la misérable humanité : « Mais croyez-vous donc, disait-il, que la terre puisse être le séjour d’un être pareil. C’est dans l’infini qu’ont plongé mes regards ravis ; de ce moment d’extase date mon initiation dans le sanctuaire de l’art ! »

Berthold vivait enfin heureux et satisfait, quand les victoires de Bonaparte en Italie conduisirent l’armée française aux portes de Naples, et quand la