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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/644

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crise révolutionnaire vint y compromettre et y changer toutes les positions. Le roi et la reine avaient quitté la ville, livrée au pouvoir municipal. Mais le vicaire-général conclut, avec le général ennemi, une capitulation honteuse, et bientôt l’on vit arriver les commissaires français chargés de toucher une forte contribution de guerre stipulée dans les conventions. Le prélat se hâta de se dérober par la fuite à la fureur du peuple, qui l’accusait de trahison, lui et tous les chefs, ses collègues. Alors toute subordination fut méconnue, une anarchie sauvage remplaça l’ordre et les lois, et aux cris de Viva la santa fede ! des bandes forcenées allèrent attaquer les maisons des patriciens par qui ils se croyaient vendus, et les livrer au pillage et à l’incendie. En vain Moliterno et Rocca Romana, qui jouissaient de l’affection du peuple, et investis du commandement, employèrent tous leurs efforts pour arrêter ces excès. Déjà les ducs della Torre et Clément Filomarino en avaient été victimes, et la soif de vengeance qui possédait la populace n’était pas encore assouvie.

Berthold s’était échappé à demi-vêtu de sa maison incendiée. Il rencontra une troupe nombreuse qui se dirigeait en courant avec des torches enflammées et les couteaux nus vers le palais du prince T***. Le prenant pour un des leurs, ils l’entrainèrent avec eux. Viva la santa fede ! hurlaient ces frénétiques, et quelques minutes plus tard le prince, ses domestiques et tous ceux qui avaient tenté de faire