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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/645

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résistance, gisaient assassinés, tandis que le palais devenait la proie des flammes.

Berthold avait toujours été entrainé en avant ; une épaisse fumée envahissait rapidement les salles, il veut fuir, et traverse vingt pièces différentes sans trouver une issue. Tout-à-coup un cri perçant d’angoisse frappe son oreille. Il s’élance aussitôt de ce côté, et voit une femme se débattant contre un lazzarone, qui se prépare à lui plonger son couteau dans le sein. C’est la princesse ! c’est l’image enchantée du peintre ! Éperdu, glacé d’effroi, Berthold bondit et saute à la gorge du lazzarone, qu’il terrasse et tue avec son propre poignard. Saisir ensuite la princesse entre ses bras, traverser avec elle les appartements embrasés, descendre les escaliers, se sauver avec agilité au milieu de la foule et du tumulte, tout cela ne fut pour Berthold que l’affaire d’une minute. Personne ne songea à l’arrêter, car en le voyant armé d’un couteau ensanglanté, les habits déchirés, le visage noirci par la fumée, chacun le prit pour un des aggresseurs emportant sa part du butin. Enfin arrivé dans un endroit désert de la ville, sous une vieille masure où il était venu instinctivement chercher un abri, Berthold tomba sans connaissance.

Lorsqu’il revint à lui, il vit la princesse à genoux ;à côté de lui, et qui lavait son front avec de l’eau fraiche. « Oh ! grâces, disait-elle tout bas d’une voix merveilleusement douce, grâces soient rendues aux saints de ce que tu reviens à la vie, toi, mon sauveur, toi, mon ami, mon tout ! » — Berthold se