Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/690

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gués où d’habitude les carlins et les roquets ont seuls le droit de venir japper et tortiller de la queue, on tolérait pourtant volontiers sa présence, et on le laissait se coucher, paré d’un joli collier, sous le sofa de la maîtresse de maison, sur un élégant parquet ? — Bref, à quoi bon tant de cérémonies pour te convaincre du peu de valeur de vos femmes littéraires ? Laisse-moi te raconter la catastrophe qui m’a conduit ici, et tu sauras pourquoi je sois irrité à ce point de la fadeur et de la futilité de ces prétendus bureaux d’esprit et cercles à la mode. — Mais d’abord que j’essaie de me restaurer un peu !

Berganza sauta vivement à bas du banc de gazon, et courut, avec un peu de lourdeur encore, à travers le taillis. Je l’entendis lamper avec avidité, dans un fossé voisin, de l’eau qui s’y était amassée. Il revint bientôt près de moi, après s’être bien secoué ; il reprit sa place, accroupi sur ses pattes de derrière, et la tête détournée du côté de la statue de saint Népomucène, il commença, d’une voix dolente et sourde, de la manière suivante :

BERGANZA.

Je le vois encore devant moi, le bon, l’excellent homme, avec ses joues pâles et creuses, son regard triste et la mobilité de son muscle frontal. Celui-là était animé d’un véritable sentiment poétique : et c’est à lui que je dois, outre maint souvenir touchant d’une amitié précieuse, mes connaissances musicales.