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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/718

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je ne me lassais point de la considérer avec ce regard immuable et sérieux qui m’est propre.

Tout-à-coup, au morne silence qui régnait dans la salle, succéda un éclat de rire universel et immodéré. Ce fut alors seulement que la dame, plongée dans la contemplation intérieure de l’art, m’aperçut. Elle se reléve en fureur et s’écrie comme Macbeth, avec une affreuse grimace : « Qui m’a fait cela ! » Mais personne ne l’entend, car tous les assistants, comme électrisés par cet aspect véritablement trop comique, éclatent et crient confusément : « Deux sphinx. — Deux sphinx en conflit ! »

— « Qu’on chasse ce chien loin d’ici, qu’on l’ôte de ma vue, hors du logis le maudit chien ! » Ainsi tonnait la dame, et déjà les domestiques me pourchassaient, lorsque ma protectrice, la charmante Cécile s’élança vers moi, me délivra de ma coiffure égyptienne, et m’emmena dans sa chambre.— J’obtins, il est vrai, la permission de rester dans la maison, mais l’entrée de la salle des représentations mimiques me fut de ce jour à jamais interdite.

MOI.

Et au fond tu n’as guère dû y perdre, car, j’en sais bon gré au joyeux professeur ! tu avais été témoin de la plus superbe scène de ces bouffonneries artistiques ; le reste t’aurait paru fade et l’eût été à coup sûr, puisqu’on aurait naturellement prévenu toute coopération ultérieure de ta part.