Aller au contenu

Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/726

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’immuable retour d’un printemps éternel orne les buissons d’épines eux-mêmes de fleurs odoriférantes. — Ce n’est point une beauté exceptionnelle, ce n’est point un phénomène dans l’ordre intellectuel, non ! c’est uniquement ce moment de floraison, un certain je ne sais quoi, un rien, soit dans son extérieur, soit dans le son de sa voix, et qui ne peut commander qu’une attention passagère, mais qui suffit pour assurer partout à la jeune fille les hommages même des hommes les plus éminents, de sorte qu’au milieu des personnes de son sexe d’un âge plus mûr, elle se présente pour ainsi dire en triomphe, et comme la reine de la fête ! Mais hélas ! après le déclin de ce fatal période solsticial, les couleurs éclatantes disparaissent, et cette féconde vivacité de l’esprit se fane et s’éclipse sous une certaine froideur incompatible avec le sentiment poétique d’aucune jouissance.

MOI.

Il est bien heureux, Berganza, que tu ne sois pas entendu par des femmes ayant passé le point solsticial, elles te feraient un mauvais parti.

BERGANZA.

Ne crois pas cela, mon ami ! Au fond du cœur les femmes le sentent elles-mêmes, que toute leur vie est pour ainsi dire concentrée dans cette saison printannière de l’âge, car ce n’est que par là que peut s’expliquer cette manie qu’on leur reproche