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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/744

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d’un vigoureux coup de dents la cuisse décharnée du misérable, je le traine sur le parquet jusqu’à la porte de la chambre, que je fais sauter en m’y appuyant avec force, et de là dans le vestibule. Dans sa douleur et sa rage, et tout sanglant sous mes blessures, il poussait des cris épouvantables qui jetèrent l’alarme dans toute la maison. Il s’élève un tumulte général, des valets, des servantes descendent précipitamment les escaliers, armés de rables, de pelles, de gourdins, mais à notre vue ils restent glacés d’horreur et immobiles. Personne n’osait m’approcher, car on me croyait enragé, et chacun redoutait une morsure fatale. Cependant l’infâme Georges haletait et gémissait à demi-évanoui sous mes morsures et mes coups de pattes, sans que je pusse me résoudre à le quitter. Des bâtons, des pots me furent lancés ; plus d’une vitre vola en éclats, et des verres, des porcelaines, restés sur la table de la veille, furent brisés en mille pièces ; mais aucun coup visé juste ne m’atteignit. L’excès de ma rage comprimée me rendit sanguinaire, et j’étais sur le point de donner à mon ennemi le coup de grâce en l’empoignant à la gorge, lorsque quelqu’un sortit d’une chambre avec un fusil qu’il déchargea aussitôt sur moi : la balle siffla tout près de mes oreilles. Je laissai alors le roué maudit gisant sans connaissance. et je m’élançai précipitamment vers l’escalier. Comme des soldats acharnés, ils se mirent tous à ma poursuite ; le courage leur revint en me voyant fuir. Des balais, des briques, des outils volèrent autour de moi, et je reçus quelques rudes atteintes. Il était