Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/762

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elle-même, avec tons ses phénomènes variés et contrastés, apparaît peuplée d’enchantements, ennoblie et sanctifiée par une splendide poésie : voilà seulement, à mon avis, le véritable but du théâtre ! Sans le don d’envisager les apparitions de la vie, non comme des abstractions isolées et confondues au hasard par une nature capricieuse, mais comme autant d’anneaux d’une chaîne magique, autant de rouages importants d’un mécanisme admirable et mystérieux, sans la faculté de se les approprier spirituellement et de les reproduire avec de vivantes couleurs, il n’y a point d’auteur dramatique : sans cela la lutte est vaine pour tenir le miroir devant la nature, pour montrer à la vertu sa propre image, au vice ses traits hideux, au siècle et à l’époque l’empreinte fidèle de leur physionomie.

MOI.

Ce qui doit aussi modifier, il me semble, le travail d’observation que l’on exige de l’auteur comique.

BERGANZA.

Sans aucun doute. D’une observation minutieuse et de la faculté de saisir les traits individuels de quelques personnages isolés, peut tout au plus résulter un portrait amusant, qui n’est susceptible d’intéresser que si l’on connaît l’original et si l’on peut juger par comparaison du plus ou moins d’habileté du peintre. Mais comme caractère scénique, un tel portrait servile, ou barbouillé à l’aide des