Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/765

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je dois l’avouer que ces pièces, abstraction faite de tout système et de toute analyse poétique, me paraissent, quant à leur moralité, à leur tendance philosophique, dignes de marcher de pair avec ces édifiants sermons des prédicateurs de carême, menaçant les impies des tortures de l’enfer, et promettant aux justes la béatitude des cieux. Seulement le poète a l’avantage, comme dispensateur et exécuteur de la justice poétique, de pouvoir lui-même lancer à tort et à travers, comme il le trouve bon, ses arrêts de vengeance ou de rémunération. Bourses pleines et titres de conseillers, l’opprobre civil et la prison, tout est prêt dès que la toile se léve pour le cinquième acte.

MOI.

Je suis étonné qu’on puisse encore mettre de la variété dans tout cela.

BERGANZA.

Pourquoi pas ? — N’eût-ce pas été, par exemple, pour nos dramaturges une idée aussi admirable que fructueuse que de développer, dans une série régulière d’œuvres théâtrales, les dix commandements ? Il y en a déjà deux : Tu ne voleras pas, et tu ne seras point adultère, qui ont été déjà fort gentiment traités à la scène, et il ne s’agirait plus que de composer des cadres convenables pour le reste : Faux témoignage ne diras, et ainsi de suite.