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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/808

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produisant un clair obscur mystérieux, les couleurs éclatantes des fleurs et des métaux, les figurines fantastiques qui, surgissant des calices éblouissants des lys, voltigeaient au milieu des couples gracieux de jeunes garçons et de jeunes filles divinement beaux. Il lui désignait, comme occupés à converser avec maints animaux étranges, des hommes graves dans la plénitude et la force d’une virilité féconde, qu’accusaient le feu de leurs regards, leur barbe brune et leurs mouvements décidés. Le vieillard accentuait de plus en plus ses paroles, dont le sens devenait toujours plus inintelligible. « Que ta couronne de diamants, ô mage sacré ! rayonne toujours sur ta tête ! s’écria-t-il enfin en fixant sur la toile des regards ardents, laisse tomber le voile d’Isis, qui déroba ton front aux regards indiscrets des profanes. Pourquoi serrer contre ta poitrine, avec tant de soin, les plis de ta robe flottante ? Je veux voir ton cœur ; c’est là la pierre sacrée tant cherchée par les sages, la clé divine de tous les mystères ! N’es-tu pas ma propre essence ? Pourquoi avances-tu si hardiment à ma rencontre : voudrais-tu lutter avec ton maître ? Crois-tu que le rubis qui scintille à la place de ton cœur puisse fondre le mien dans ma poitrine ? — Allons ! marche donc, viens à moi ! — Reconnais ton créateur ; — moi je suis ! » — Ici le vieillard chancela subitement comme frappé de la foudre. Traugott le reçut dans ses bras, et le jeune homme ayant avancé un fauteuil, ils y assirent le vieillard qui paraissait plongé dans un doux sommeil.