Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/176

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3. Étienne Guibourg Cœuvrit, dit Lesage, avait reçu les ordres, mais nous ne croyons pas qu’il occupât à cette époque aucune fonction sacerdotale. — Quant au duc de Luxembourg, il était encore moins repréhensible que ne le suppose la version qu’on vient de lire. Voici la réalité des faits : Un nommé Bonnart, clerc de son procureur, et lié avec Lesage, s’était adressé à cet intrigant pour découvrir des papiers nécessaires au maréchal dans un certain procès. Lesage exigea d’abord pour prix de ses services deux mille écus ; puis il obtint du prince une procuration signée de sa main, et dont on abusa pour formuler une espèce de pacte infernal. Louvois poussa l’astuce de la haine jusqu’à faire offrir au maréchal les moyens d’un évasion secrète, et celui-ci ayant rejeté bien loin cette ouverture insidieuse, on le laissa languir dans un cachot où le noble guerrier vit sa santé se ruiner, tandis qu’il réclamait en vain la juridiction légale du parlement. Quand enfin il eut recouvré la liberté, le Roi, en témoignage de son estime, lui confia le service de capitaine de ses gardes du corps ; mais sa juste inimitié contre Louvois, ministre de la guerre, le fit rester dix ans inactif, sans qu’il se plaignit pourtant d’une disgrâce si peu motivée. La guerre contre les alliés commandés par le prince d’Orange, l’ayant enfin rendu nécessaire, Louis XIV lui donna le commandement de son armée de Flandres, qu’il n’accepta qu’à condition de correspondre directement avec le Roi. Bientôt les victoires éclatantes de Fleurus, de Stinkerque et de Nerwinde furent le prix de cette réparation tardive, et la seule vengeance qu’il exerça contre ses calomniateurs.


4. Le texte allemand porte le nom inconnu de Séron, probablement par suite d’une erreur typographique commise dans les premières éditions.