Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/305

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Le baron, qui n’avait pas fait grande attention aux paroles de Daniel, referma la caisse, et le bruit du couvercle fit résonner toute la voûte. « C’est bien, c’est bien, mon vieux ! » dit-il tout en fermant la serrure et retirant soigneusement la clef ; puis il ajouta d’un air de distraction, et après être rentré dans la grand’salle : « Mais n’as-tu pas parlé encore d’une infinité de pièces d’or qui doivent exister là-bas dans les ruines de la tour. » Alors le vieillard s’approcha silencieusement de la porte du milieu et l’ouvrit avec effort ; mais à peine le fut-elle, que l’ouragan chassa dans la salle une grande abondance de neige, et un corbeau épouvanté y entra en croassant, vint frapper de ses ailes noires les hautes fenêtres, puis ayant regagné la porte ouverte, disparut en volant dans le sombre abîme.

Le baron s’avança sur le palier rompu, mais il tressaillit au premier regard qu’il jeta sur cette profondeur : « Horrible aspect… bégaya-t-il, oh ! le vertige ! » Et il tomba à demi-évanoui dans les bras du justicier. Mais il se remit promptement ; et jetant à Daniel un coup d’œil impératif : « Et là-bas ?… » lui dit-il. L’intendant avait déjà refermé la porte et cherchait, en la repoussant de toutes ses forces et en soufflant péniblement, à retirer l’énorme clef de la serrure rouillée. Y étant enfin parvenu, il se retourna vers le baron et lui dit, en balançant dans ses mains le paquet de clefs, et avec un étrange sourire : « Oui ! là-bas sont entassés des milliers… tous les beaux instruments de feu mon pauvre maître, des télescopes, des sphères, des quarts de cercle, des réflecteurs, tout cela git fracassé sous les