Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/312

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misère. Les biens seraient administrés par procuration, et il lui serait assigné sur les revenus de quoi subvenir à son entretien ; en outre ses créanciers seraient payés moyennant accommodement. Mais qu’est-ce pour lui qu’une vie tranquille et assurée ? Quel intérêt lui inspirent une femme et des enfants ? C’est de l’argent, de l’argent comptant, en masse, qu’il lui faut pour subvenir à ses dissipations et à sa déplorable inconduite ! — Quel démon a pu lui révéler le secret des cent cinquante mille écus, dont, le croiriez-vous ? il exige la moitié, soutenant, par une ridicule prétention, que cet argent indépendant de la dotation doit être regardé comme fortune franche. Je n’y consentirai point, je ne le dois pas ! Mais j’ai le pressentiment qu’il médite en secret contre moi quelque complot ! »

V. fit tous ses efforts pour combattre les soupçons du baron contre son frère, mais il réussit d’autant moins, que, n’étant point initié aux véritables motifs de leurs contestations, il fut réduit à recourir aux banales raisons d’une morale peu efficace en pareil cas. Le baron le chargea de négocier en son nom avec Hubert, qu’il regardait comme son ennemi acharné et irréconciliable.

V. s’acquitta de cette mission avec toute la prudence dont il était capable, et il eut lieu de se réjouir de la réponse que lui fit Hubert. « Eh bien soit ! dit celui-ci, j’accepte les offres du seigneur du majorat, mais à une condition : c’est qu’il m’avancera immédiatement, pour sauver mon honneur et ma dignité compromis par l’acharnement de mes créanciers,