Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/348

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de son mari, était morte, mais que le jeune Roderich avait été recueilli par un homme respectable qui veillait à son éducation.

Alors Hubert se fit passer, sous un nom supposé, pour un parent du négociant Born, qu’il annonça avoir péri sur mer, et il envoya des fonds suffisants pour fournir à l’entretien convenable du jeune baron. On sait déjà quel soin il apporta à recueillir l’excédant des revenus du majorat, et quelles dispositions furent consignées dans son testament. — Quant à la mort de son frère, Hubert s’en expliquait dans des termes si singuliers et si ambigus, qu’on pouvait en déduire la supposition de quelque mystérieuse intrigue, et l’idée que Hubert lui-même n’avait pas été complètement étranger à cette abominable action.

Les papiers du portefeuille noir dissipaient tous les doutes à cet égard. À la correspondance secrète d’Hubert et de Daniel était jointe une feuille écrite et signée par l’intendant lui-même. V. y lut les aveux suivants en tressaillant d’émotion. C’était sur les provocations de Daniel qu’Hubert s’était rendu à R....sitten ; c’était Daniel qui lui avait révélé le secret du trésor des cent cinquante mille écus. On sait de quelle manière Hubert fut reçu par son frère, et comment, désabusé de toutes ses espérances, il était prêt à s’éloigner, quand le justicier le retint.

Mais Daniel nourrissait au fond du cœur une soif ardente de vengeance contre le jeune seigneur qui avait parlé de le jeter à la porte tel qu’un chien galeux ; il attisa et souffla de toutes ses forces les brandons