Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/409

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moral d’une individualité étrangère. C’est là ce qui, aux yeux des profanes, reste enveloppé sous le voile mystérieux des apparences. Comme s’il n’était pas ridicule de croire que c’est pour guérir un mal de dents, ou une migraine, et que sais-je encore, que la nature nous a confié le talisman merveilleux, grâce auquel l’homme devient roi du monde des esprits.

Non ! c’est la domination absolue sur le principe intelligent que ce talisman puissant nous assure en raison de notre habileté à le faire agir. Subjugué par sa vertu magique, l’intellect d’autrui ne doit plus exister qu’en nous et par nous, et c’est nous seuls qu’il doit alimenter et vivifier de sa substance. — Le centre commun, le focus12 de toute spiritualité, c’est Dieu. Eh bien, au point où convergent le plus grand nombre de rayons en un seul faisceau flamboyant, là est plus restreinte la distance qui nous sépare du focus. — Ces rayons se distribuent inégalement : mais ils embrassent la vie organique de toute la nature, et c’est à cette émanation du principe spirituel qui se manifeste dans les animaux et les plantes mêmes que nous reconnaissons leur commune origine — La tendance vers cette domination spiritualiste est donc la tendance vers la divinité, et le sentiment de la puissance acquise élève en raison de sa force le degré du bonheur, puisque l’idée constitutive du bonheur est aussi dans le focus. Combien, du reste, tout le bavardage provoqué par cette puissance sublime dont sont doués les vrais adeptes me semble pauvre et pitoyable ! Mais il est bien