Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/73

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de sa bien-aimée, qui trouvait la première à son réveil le cadavre ensanglanté.

En vain D’Argenson, le lieutenant de police, ordonna sur les moindres indices nombre d’arrestations parmi le peuple, en vain La Reynie faisait rage et s’escrimait pour arracher des aveux, en vain l’on renforça les gardes du guet et l’on doubla les patrouilles, la trace des malfaiteurs était introuvable. Il n’y avait guère d’autre ressource que de s’armer jusqu’aux dents pour sortir le soir, en se faisant précéder d’une lanterne, et l’on vit plus d’une fois encore le domestique assailli à coups de pierres et en même temps son maître tué et dévalisé.

Une chose digne de remarque était qu’aucune des enquêtes, faites partout où le commerce des bijoux pouvait avoir lieu, ne signala un seul des objets volés, ni le moindre renseignement qui pût mettre sur la voie des criminels.

Desgrais écumait de fureur de ce que les coquins sussent déjouer ses propres stratagèmes. Rien ne troublait jamais le quartier de la ville où il se trouvait, tandis que les voleurs et les meurtriers poursuivaient leur riche proie dans ceux où personne n’aurait pu supposer une chance de danger. — Le rusé Desgrais imagina alors de s’adjoindre plusieurs menechmes qui lui ressemblassent si bien et au même degré de tournure, de démarche, de voix et d’aspect, que les archers eux-mêmes ne pussent savoir où serait le véritable Desgrais. Cependant il allait, au risque de sa vie, explorer les repaires les plus secrets, et suivait de loin des personnes qui,