Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/74

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d’accord avec lui, sortaient de nuit avec de riches parures ; mais celles-là n’étaient jamais attaquées : les brigands étaient donc aussi informés de cette mesure. Desgrais se désespérait.

Un matin, il arrive chez le président La Reynie, pâle, défait, égaré. — « Qu’avez-vous ? quelle nouvelle ? avez-vous trouvé la trace ? » s’écria le président dès qu’il le vit. — « Ah !… monseigneur !… répond Desgrais d’une voix sourde et entrecoupée, hier, — au milieu de la nuit, — à quelques pas du Louvre, le marquis de La Fare a été attaqué sous mes yeux.

— Ciel et terre ! s’écrie La Reynie avec transport, nous les tenons !… — Oh ! d’abord, reprend Desgrais avec un amer sourire, écoutez comment cela s’est passé : — J’étais donc près du Louvre, à guetter, la rage dans le cœur, ces diables d’enfer qui se moquent de moi. Bientôt quelqu’un passe tout près de moi, d’un pas incertain, et regardant à chaque instant derrière lui, mais sans me voir ; à la clarté de la lune je reconnais le marquis de La Fare. Je songeai à attendre son retour, car je savais où il se rendait ; mais à peine a-t-il fait dix ou douze pas plus loin, qu’une figure se dresse à ses côtés comme sortant de la terre, le renverse sur le pavé et se jette sur lui. Dans le premier mouvement de ma surprise, en me voyant près de saisir enfin le meurtrier, je me mets à crier sans réflexion, et je m’élance précipitamment de ma cachette pour atteindre le scélérat. Mais voilà que je m’embarrasse dans mon manteau et je tombe. Je vois mon homme qui s’enfuit