Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/85

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occupée à réfléchir sur ce qu’il y avait à faire. Ensuite elle ordonna à Baptiste d’aller quérir une chaise à porteurs, et à La Martinière de l’aider à sa toilette, attendu qu’elle voulait se rendre immédiatement chez la marquise de Maintenon.

À l’heure où elle savait que la marquise serait seule dans ses appartements, elle se fit conduire chez elle, emportant la cassette et les bijoux.

L’étonnement de la marquise fut grand lorsque mademoiselle de Scudéry, qui était la dignité même et dont, malgré son âge avancé, la grâce et l’amabilité étaient sans égales, entra chez elle pâle, les traits renversés, et d’un pas chancelant. « Au nom de tous les saints ! que vous est-il arrivé ? » dit-elle à la pauvre dame affligée, qui, toute décontenancée et à peine en état de se soutenir, cherchait seulement à atteindre un fauteuil où la marquise s’empressa de la faire asseoir. Enfin ayant recouvré son sang-froid, mademoiselle de Scudéry raconta quelle amère et sensible humiliation lui avait attirée le mot irréfléchi qu’elle avait prononcé en plaisantant au sujet de la requête des Amants confédérés. La marquise, après avoir écouté ce récit de point en point, jugea que mademoiselle de Scudéry prenait beaucoup trop à cœur ce singulier événement, que l’infâme raillerie de pareils misérables ne pouvait en rien atteindre un noble et pieux caractère, et elle demanda enfin à voir la parure.

Mademoiselle de Scudéry lui présenta la boite ouverte, et la marquise, à la vue de ces bijoux magnifiques, ne put se défendre d’un transport d’admiration.