tionnant de ses éloges les goûts plébéiens de l’artiste indépendant, et les moyens auxquels l’adversité obligea Hoffmann de recourir, sans qu’il crût, et avec raison, y risquer sa dignité d’homme de lettres et d’honnête homme ?
Qu’est-ce donc que cette existence errante, vagabonde, reprochée à Hoffmann par sir Walter Scott qui semble même comprendre sa vie entière dans l’anathème de ses expressions ? Hoffmann, réduit à vivre de son industrie durant les sept années de l’invasion française, changea de place et d’occupations suivant ses besoins et la nécessité des circonstances ; il fit alors bien des choses qui auraient rebuté le courage et la patience de cœurs moins affermis que le sien, et cependant, dans tout ce qu’il entreprit, il sut faire tourner à son honneur les difficultés et même l’abaissement de sa position ; là où il échoua, il put aceuser justement la sévérité du sort, tandis que son succès fut toujours le fruit de son génie et de son savoir faire. Bref, jamais homme, placé dans les mêmes conjonctures, ne fit preuve de plus d’habiles facultés, ni d’un esprit plus fécond en ressources, car ainsi que le dit très bien notre Figaro : « Il faut souvent, en pareil cas, déployer plus de science et de calculs pour subsister un jour seulement, qu’on n’en met pendant cent ans à gouverner des royaumes entiers. »
Aussi l’épithète triviale de bohémien ne nous paraît-elle pas une bien grave offense pour l’ex-directeur du théâtre de Bamberg ; mais traiter Hoffmann, comme le fait plus loin sir Walter Scott, de fou fu-