Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/346

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hui ! hui ! — cercle de feu ! — cercle de feu, tourne, tourne ! — allons, gai ! — poupée de bois, hui ! belle petite poupée ! tourne, tourne donc ! » — En même temps il se jeta sur le professeur et lui serrait la gorge ; il l’aurait étranglé, mais le tapage avait attiré beaucoup de monde : on arriva près d’eux, on contint le furieux Nathanael, et l’on sauva ainsi le professeur, qui fut immédiatement pansé de ses blessures. — Sigismond, quelque vigoureux qu’il fût, ne put suffire à dompter ce furibond ; il ne cessait de crier d’une voix horrible : « Tourne, poupée de bois ! tourne ! » et il frappait autour de lui, les poings fermés. Enfin, grâce aux efforts réunis de plusieurs personnes, on se rendit maître de lui en le terrassant et en le garottant. Ses cris expirèrent peu à peu dans une sorte de rugissement bestial, et il fut transporté à l’hôpital des fous, agité de convulsions frénétiques épouvantables.

Avant de continuer à te raconter, lecteur bénévole, la suite des aventures du malheureux Nathanael, je puis t’assurer, dans le cas où tu t’intéresserais quelque peu à l’habile mécanicien et fabricateur d’automates, Spallanzani, qu’il fut bientôt complètement guéri de ses blessures. Il lui fallut cependant quitter l’université, parce que l’histoire de Nathanael avait fait beaucoup de sensation, et qu’on réprouva unanimement, comme une supercherie des plus inconvenantes, l’action d’avoir introduit dans des sociétés raisonnables (Olympie avait paru dans plusieurs cercles avec succès) une poupée de bois en guise d’une personne naturelle. Des légistes y virent