Aller au contenu

Page:Hoffmann - Contes nocturnes, trad de La Bédollière, 1855.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’une faute n’étais pas venue à Herménégilde, et q’elle n’avait ni saisi ni compris ses reproches à ce sujet. Herménégilde, pressant avec ardeur sur son cœur les mains de sa mère adoptive, la supplia de croire à son mariage, dont son état ne permettait point d’ailleurs de douter ; la bonne dame, toute déconcertée, hors d’elle-même, ne savait plus que dire à la pauvre enfant, et quel nouveau moyen employer pour saisir la trace du secret qui enveloppait Herménégilde.

Ce ne ne fut que plusieurs jours après que la princesse déclara au comte Népomucène qu’il était impossible de rien savoir de sa fille, qui croyait porter dans son sein un fruit de l’amour de son époux, et qui en avait même une conviction intime.

Les deux seigneurs irrités traitèrent Herménégilde d’hypocrite, et le comte Népomucène surtout jura que si les moyens de douceur ne parvenaient pas à dissiper son délire et à lui arracher l’aveu de son déshonneur, il userait de mesures rigoureuses.

Le princesse fut d’avis que l’emploi de la force serait aussi cruel qu’inutile. Elle était convaincue, disait-elle, qu’Herménégilde, loin d’y mettre de la fourberie, croyait de toute son âme ce qu’elle disait.

— Il y a encore dans le monde, ajouta-t-elle, plusieurs mystères que nous sommes tout à fait hors d’état de comprendre. Qui sait si l’union ardente de la pensée n’a pas une action physique, et si des rapports spirituels entre Stanislas et Herménégilde n’ont pas produit cet état qui nous semble incompréhensible ?

Malgré toute la colère et tous les soucis de ce fatal moment, le prince et le comte Népomucène ne purent s’empêcher de rire, et parlèrent de cette idée de la princesse comme d’une des plus sublimes et des plus éthérées qu’eût produites le spiritualisme humaine.

La princesse, le visage couvert d’une vive rougeur, dit que de semblables choses étaient hors de la portée de l’esprit grossier des hommes ; mais, tout en étant persuadée de l’innocence de sa protégée, elle n’en jugeait pas moins sa position très critique. Un voyage, qu’elle se proposait d’entreprendre avec Herménégilde, lui parut l’unique et le meilleur moyen de la soustraire à la honte et aux tourments.

Le comte Népomucène fut satisfait de cette proposition ; car Herménégilde ne faisait aucun mystère de sa grossesse, et si elle voulait conserver sa réputation, elle devait s’éloigner volontairement du cercle de ses relations ordinaires.

Ce point étant réglé, tous se sentirent plus tranquilles. Le comte Népomucène