Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/42

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sa main. Il était horloger très habile dans sa profession et gagnait largement sa vie à Paris. Anne l’aimait sincèrement. Mlle de Scudéri n’hésita point à consentir au mariage de sa fille adoptive. Les jeunes gens s’établirent, le ménage fut des plus heureux et le lien de leur amour se resserra encore par la naissance d’un fils qui était tout le portrait de sa jolie mère. Mlle de Scudéri ne tarda pas à aimer à l’idolâtrie le petit Olivier qu’elle enlevait à sa mère des heures et des jours durant pour le choyer et le dorloter. L’enfant s’habitua à elle et l’aima tout autant que sa propre mère. Trois ans se passèrent ainsi, les confrères de Brusson qui enviaient son succès, lui suscitèrent toutes sortes de vexations. Petit à petit il perdit sa clientèle et bientôt il en arriva à ne plus avoir assez de ressources pour élever sa famille. Il était impatient de retourner à Genève, sa ville natale, et contre le désir de Mlle de Scudéri il partit pour la Suisse avec sa femme et son fils. Mlle de Scudéri avait reçu de loin en loin quelques lettres de sa fille adoptive, puis tout à coup Anne avait gardé le silence, et il semblait que son bonheur présent lui fit oublier les devoirs de reconnaissance que lui imposait le passé. Il y a maintenant vingt-trois ans que Brusson, sa femme et son fils avaient quitté Paris.