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Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/54

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longtemps les crimes commis dans Paris et les soldats de la maréchaussée m’en avaient raconté tous les détails, mais j’ignorais encore à quel motif Cardillac obéissait dans l’accomplissement de ses forfaits. Je ne tardai pas à en avoir l’explication.

Un jour, Cardillac jeta brusquement au loin les bijoux qu’il montait, dont les perles et les pierreries roulèrent dans l’atelier, et se levant :

— Olivier, me dit-il, je veux que cela cesse ; notre position réciproque est insupportable ; ce que j’ai caché si longtemps en dépit des stratagèmes de Desgrais et de ses acolytes, le hasard te l’a fait découvrir ; tu m’as surpris dans l’œuvre nocturne, à laquelle me condamne ma mauvaise étoile. Je ne puis le nier, mais ce fut ta mauvaise étoile à toi-même qui te poussa cette nuit-là sur mes pas. Ce fut elle qui m’empêcha de te remarquer, moi qui vois clair dans les ténèbres comme le tigre, et qui entends à la plus grande distance le bourdonnement d’un cousin. C’est ta mauvaise étoile qui t’a fait entrer chez moi et qui t’y a ramené, mon garçon : maintenant dans la situation où tu es vis-à-vis de Madelon, tu ne saurais me trahir, je ne risque donc rien à te faire tout connaître.

— Je ne serai jamais votre complice, infâme hypocrite.