Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/57

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gner mon contentement au vendeur, je vidai avec lui, à cette même table, une bouteille de vin.

— Avant de nous quitter, maître René, dit-il, je dois vous faire connaître une issue secrète de ce logis.

Alors il ouvrit l’armoire que voilà ; poussa la boiserie qui en forme le fond, entra dans un cabinet, et se baissant, souleva une trappe. Je le suivais ; nous descendîmes un escalier étroit et raide et nous arrivâmes par une petite porte dans une cour. Là, s’avançant vers la muraille, il tira une espèce de targette de fer à peine apparente et aussitôt je vis pivoter un pan de mur qui me montra une ouverture assez large pour permettre à une personne d’y passer et de descendre dans la rue ; je te ferai voir un jour, Olivier, cette ingénieuse machine inventée sans doute par les moines qui jadis avaient ici leur couvent et pouvaient de la sorte entrer et sortir à la dérobée. C’est un morceau de bois recouvert extérieurement de plâtre et de ciment, adapté à une statue également en bois, mais imitant parfaitement la pierre et tournant sur des pivots invisibles. De sombres pensées montèrent dans mon cerveau quand je vis ce mécanisme. Je ne savais pas encore à quoi il pourrait m’être utile, mais je prévoyais qu’il allait me servir à l’accomplissement de desseins mystérieux. Je venais de livrer à un seigneur de la cour une riche parure qu’il devait donner à une danseuse de l’Opéra ; je ne pus me soustraire longtemps à la torture mortelle ; le spectre s’attacha à mes pas, et la voix de Satan ré-