Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/59

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IX.


Lorsque Cardillac eut cessé de parler, il me prit par la main et me fit descendre dans le couloir secret. Là je pus contempler la collection de ses bijoux. Le roi lui-même n’en a point de plus admirables. À chaque parure était attaché un petit papier sur lequel se trouvait écrit le nom de celui pour qui elle avait été faite et la date et les circonstances où elle avait été prise, grâce au vol ou à l’assassinat.

— Quand tu te marieras, me dit Cardillac, d’une voix grave et sourde, tu me jureras, Olivier, tu me jureras par le Christ d’anéantir tous ces trésors lorsque je ne serai plus ; je ne veux point qu’il en reste rien en ta possession, et moins encore entre les mains de Madelon. Tout cela est racheté au prix du sang. Je t’indiquerai le moyen de le réduire en poudre.

Partagé entre l’horreur et l’amour, entre l’épouvante et la joie, j’étais semblable au maudit auquel un ange adresse un doux sourire, tandis que Satan le tient serré dans ses griffes brûlantes. Parfois je voulais fuir, puis il me prenait des idées de suicide ; mais toujours l’image de Madelon me retenait. Peut-être était-il de mon devoir de tout révéler à la justice, mais j’étais trop faible pour briser le lien qui m’enchaînait au criminel, et je vais expier bientôt, mademoiselle, cette faiblesse par une mort ignominieuse.