Aller au contenu

Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

justice quand il en était encore temps. Peut-être aurais-je dû dénoncer Cardillac et mettre ainsi un terme à ses méfaits : quant à moi je suis innocent de tout meurtre. Cependant maintenant que Cardillac est mort, aucune torture ne pourra me faire révéler le secret qu’il a emporté dans la tombe. Je ne veux pas que Madelon ait à rougir de son père ; je ne veux pas que la vengeance humaine aille déterrer le cadavre et que le bourreau flétrisse des ossements déjà réduits en poussière, non ! Madelon me pleurera parce qu’elle sait que je ne suis pas coupable, mais le temps triomphera de la douleur que pourra lui causer mon supplice, tandis qu’elle souffrirait éternellement si elle connaissait les forfaits de ce père qu’elle n’a cessé d’adorer.


X.


Olivier se tut, mais les larmes jaillirent de ses yeux ; il tomba aux pieds de Mlle de Scudéri et avec un accent de supplication :

— Vous ne doutez plus de mon innocence, dit-il ; oh ! non, vous n’en doutez plus ; ayez pitié de moi, dites-moi ce qu’est devenue Madelon.