Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/107

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nétrabilité dans la substance que je vois se mouvoir ou de laquelle je reçois du mouvement ; ainsi dès qu’on attribue de l’action à une cause quelconque, je suis obligé de la regarder comme matérielle. Je puis ignorer sa nature particulière & sa façon d’agir, mais je ne puis me tromper aux propriétés générales & communes à toute matiere ; d’ailleurs cette ignorance ne fera que redoubler, lorsque je la supposerai d’une nature, dont je ne puis me former aucune idée & qui de plus la priveroit totalement de la faculté de se mouvoir & d’agir. Ainsi une substance spirituelle qui se meut & qui agit, implique contradiction, d’où je conclus qu’elle est totalement impossible.

Les partisans de la spiritualité croient résoudre les difficultés dont on les accable en disant que l’ame est toute entière sous chaque point de son étendue. Mais il est aisé de sentir que ce n’est résoudre la difficulté que par une réponse absurde. Car il faut, après tout, que ce point, quelqu’insensible & quelque petit qu’on le suppose, demeure pourtant quelque chose.[1] Mais quand il y auroit dans cette réponse autant de solidité qu’il y en a peu,

  1. On voít que, suivant cette réponse, une infinité d’inétendues ou la même inétendue répétée une infinité de fois, constitueroit de l’étendue, ce qui est absurde ; d’ailleurs on prouveroit aisément d’aprés ce principe que l’ame humaine est aussi infinie que Dieu, vu que Dieu est un être inétendu qui est une infinité de fois tout entier sous chaque partie de l’univers ou de son étendue, de même que l’ame humaine ; d’où l’on seroit forcé de conclure que Dieu & l’ame de lhomme sont également infinis ; à moins que l’on supposât des inétendues de différentes étendues, ou un Dieu inétendu plus étendu que l’ame humaine. Ce sont pourtant de pareilles inepties que l’on voudroít faire admettre à des êtres pensans ! Dans l’idée de rendre l’ame humaine immortelle ; les Théologiens en ont fait un être spirituel & inintelligible ; Eh ! que n’en faisoient-ils le dernier terme possible de la division de la matiere ; au moins eút-elle été pour lors intelligible ; elle eût encore été immortelle, puisqu’elle eût été un atome, un élément indissoluble.