Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/139

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En effet il n’est point douteux que le tempérament de l’homme ne puisse être corrigé, altéré, modifié par des causes aussi physiques que celles qui le constituent ; chacun de nous peut en quelque sorte se faire un tempérament ; un homme d’un tempérament sanguin, en prenant des nourritures moins succulentes ou en moindre quantité, en s’abstenant de liqueurs fortes etc. Peut parvenir à corriger la nature, la qualité, la quantité du mouvement du fluide qui domine en lui. Un bilieux ou un mélancolique peut à l’aide de quelques remedes diminuer la masse de ce fluide, & corriger le vice de son humeur à l’aide de l’exercice, de la dissipation, de la gaieté qui résulte du mouvement. Un européen transplanté dans l’Indostan deviendra peu-à-peu un homme tout différent pour l’humeur, pour les idées, pour le tempérament & le caractere.

Quoique l’on ait peu fait d’expériences pour connoître ce qui constitue les tempéramens des hommes, on en auroit déjà un nombre suffisant si l’on daignoit en faire usage. Il paroit en général que le principe igné, que les chimistes ont désigné sous le nom de phlogistique ou de matiere inflammable, est celui qui dans l’homme lui donne le plus de vie & d’énergie, qui procure le plus de ressort, de mobilité, d’activité à ses fibres, de tension à ses nerfs, de rapidité à ses fluides. De ces causes matérielles nous voyons communément résulter les dispositions ou facultés que nous nommons sensibilité, esprit, imagination, génie, vivacité, etc. Qui donnent le ton aux passions, aux volontés, aux actions morales des hommes. Dans ce sens c’est avec assez de justesse que l’on se sert