Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/202

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me qui constitue les facultés que l’on nomme intellectuelles & les qualités que l’on apelle morales. Nous avons prouvé en dernier lieu que toutes nos idées, nos systêmes, nos affections, les notions vraies ou fausses que nous nous formons sont dûs à nos sens materiels & physiques. Ainsi l’homme est un être physique ; de quelque façon qu’on le considere il est lié à la nature universelle, & soumis aux loix nécessaires & immuables qu’elle impose à tous les êtres qu’elle renferme, d’après l’essence particuliere ou les propriétés qu’elle leur donne, sans les consulter. Notre vie est une ligne que la nature nous ordonne de décrire à la surface de la terre sans jamais pouvoir nous en écarter un instant. Nous naissons sans notre aveu, notre organisation ne dépend point de nous, nos idées nous viennent involontairement, nos habitudes sont au pouvoir de ceux qui nous les font contracter, nous sommes sans cesse modifiés par des causes soit visibles soit cachées qui reglent nécessairement notre façon d’être, de penser & d’agir. Nous sommes bien ou mal, heureux ou malheureux, sages ou insensés, raisonnables ou déraisonnables, sans que notre volonté entre pour rien dans ces différens états. Cependant malgré les entraves continuelles qui nous lient, on prétend que nous sommes libres, ou que nous déterminons nos actions & notre sort indépendamment des causes qui nous remuent.

Quelque peu fondée que soit cette opinion, dont tout devroit nous détromper, elle passe aujourd’hui dans l’esprit d’un grand nombre de personnes, très éclairées d’ailleurs, pour une vérité incontestable ; elle est la base de la religion, qui, supposant des rapports entre l’homme & l’être in-