Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

verselles ont plongé l’espèce humaine, les hommes, pour la plûpart, sont forcés d’être méchans ou de nuire à leurs semblables, tous les motifs qu’on leur fournit les invitent à mal faire. La religion les rend inutiles, abjects & tremblans, ou bien elle en fait des fanatiques cruels, inhumains, intolérans. Le pouvoir suprême les écrase & les force d’être rampans & vicieux. La loi ne punit le crime que quand il est trop foible, & ne peut réprimer les excès que le gouvernement fait naître. Enfin l’éducation, négligée & méprisée, dépend ou de prêtres imposteurs ou de parens sans lumières & sans mœurs, qui transmettent à leurs élèves les vices dont eux-mêmes sont tourmentés, & les opinions fausses qu’ils ont intérêt de leur faire adopter.

Tout cela nous prouve donc la nécessité de remonter aux sources primitives des égaremens des hommes si nous voulons y porter les remèdes convenables. Il est inutile de songer à les corriger, tant qu’on n’aura point démêlé les vraies causes qui meuvent leurs volontés, & tant qu’aux mobiles inefficaces ou dangereux que l’on a toujours employés, on ne substituera pas des mobiles plus réels, plus utiles, & plus sûrs. C’est à ceux qui sont les maîtres des volontés humaines, c’est à ceux qui règlent le sort des nations à chercher ces mobiles que la raison leur fournira ; un bon livre en touchant le cœur d’un grand prince, peut devenir une cause puissante, qui influera nécessairement sur la conduite de tout un peuple & sur la félicité d’une portion du genre humain.

De tout ce qui vient d’être dit dans ce chapi-