Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/274

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effet de la même toute-puissance jouissoient de l’immortalité.

Quoiqu’il en soit de ces variations sur l’origine des ames, ceux qui les supposèrent émanées de Dieu même, ont cru qu’après la mort du corps, qui leur servoit d’enveloppe ou de prison, elles retournoient par réfusion à leur source première. Ceux qui sans adopter l’opinion de l’émanation divine, admirent la spiritualité & l’immortalité de l’ame, furent obligés de supposer une région, un séjour pour les ames, que leur imagination leur peignit d’après leurs espérances, leurs craintes, leurs desirs & leurs préjugés.

Rien de plus populaire que le dogme de l’immortalité de l’ame ; rien de plus universellement répandu que l’attente d’une autre vie. La nature ayant inspiré à tous les hommes l’amour le plus vif de leur existence, le desir d’y persévérer toujours en fut une suite nécessaire ; ce desir bientôt se convertit pour eux en certitude, & de ce que la nature leur avoit imprimé le desir d’exister toujours, on en fit un argument pour prouver que jamais l’homme ne cesseroit d’exister. notre ame, dit Abadie, n’a point de desirs inutiles, elle desire naturellement une vie éternelle, & par une logique bien étrange, il conclut que ce desir ne pouvoit manquer d’être rempli[1]. Quoiqu’il en soit les hommes ainsi disposés, écoutèrent avidement ceux qui leur annoncèrent des systêmes si

  1. Cicéron avoit dit avant Abadie, naturam ipsam de immortalitate animorum tacitam judicàre ; nescio quomoclo inhceret in mentibut quasi saculorum quoddam augurium. Permanere animas arbitramus consensu nationum omnium. Voilà l’idée de l’immortalité de l’ame déjà changée en une idée innée : cependant le même Cicéron regarde Phérécyde comme l’inventeur de ce dogme. Tusculan disputar. Lib. I.