Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/277

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tre ame peut subsister nonobstant la destruction du corps, soutiennent évidemment que la modification d’un corps pourra se conserver, après que le sujet en aura été détruit ; ce qui est complétement absurde.

L’on ne manquera pas de nous dire que la conservation des ames après la mort du corps est un effet de la puissance divine : mais ce seroit appuyer une absurdité par une hypothèse gratuite. La puissance divine, de quelque nature qu’on la suppose, ne peut pas faire qu’une chose existe & n’existe point en même tems ; elle ne peut faire qu’une ame sente ou pense, sans les intermèdes nécessaires pour avoir des pensées.

Que l’on cesse donc de nous dire que la raison n’est point blessée du dogme de l’immortalité de l’ame, ou de l’attente d’une vie future. Ces notions, faites uniquement pour flatter ou pour troubler l’imagination du vulgaire, qui ne raisonne pas, ne peuvent paroître ni convaincantes, ni même probables à des esprits éclairés. La raison exempte des illusions du préjugé, est sans doute blessée de la supposition d’une ame qui sent, qui pense, qui s’afflige ou se réjouit, qui a des idées, sans avoir des organes, c’est-à-dire, destituée des seuls moyens naturels & connus par lesquels il lui soit possible d’avoir des perceptions, des sensations & des idées. Si l’on nous réplique qu’il peut exister d’autres moyens surnaturels ou inconnus, nous répondrons que ces moyens de transmettre des idées à l’ame séparée du corps, ne sont pas plus connus, ni plus à la portée de ceux qui les supposent que de nous. Il est au moins très évident que tous ceux qui rejettent